expression francaise

Expression francaise

Eur 220 / Eur 611 - Français - (LEA EUROPE) Martine FARACO Janvier 2000 Extrait d'un ouvrage paru aux éditions Laffont en 1988 Le français dans tous les sens, Henriette Walter.

Vocabulaire (5 points) Expliquez, dans le contexte, les mots, expressions et phrases qui suivent

(110 et 11) instrument malléable. (112 et 13) Il la regarde comme une institution immuable, corsetée dans ses traditions et quasiment intouchable. (1 -54 et 55) chez des gens qui se réclament de Descartes (157) une dualité qui brouille le paysage (163) sans ménagements (169 et 70) Le mythe est parfaitement entretenu dans les grammaires et les dictionnaires (173) dans le feu de la conversation (177 et 78) imbriquées

Grammaire (5 points) (139) corrigez les deux fautes de français

Quel est le mode et le temps de « existe » (156) Mettez les verbes à la forme correcte, dans les phrases suivantes Il paraît qu'il (recevoir) une lettre Il me semble qu'il (venir) \1 vient Il est probable qu'il (être) là la semaine prochaine Il est peu probable qu'il (être) là la semaine prochaine Il doute qu'elle (boire) cela hier ait bu Il se doute qu'elle (boire) cela hier a bu

En vous appuyant sur le texte pour donner des exemples, expliquez le placement de l'adjectif en français. (178, 79 et 80) Lorsqu'on entend parler de la langue française, on ne saitjamais de laquelle il s'agit. En apportant toutes les modifications nécessaires et en gardant son sens à cette phrase, remplacez successivement le pronom relatif souligné par dont, ce à quoi, ce que2.

Expression (10 points): En vous posant les questions suivantes, rédigez un texte de 3 pageS3:

  1. Les différences entre le français écrit et le français oral ont-elles représenté une difficulté dans votre apprentissage de cette langue ?
  2. Avez-vous personnellement constaté chez les Français une attitude semblable à celle qui est décrite dans le texte ?
  3. Que pensez-vous des institutions qui, en France, régissent la langue ? Existe-t-il des équivalents dans votre pays ?
  4. Décrivez l'attitude de vos compatriotes par rapport à votre langue maternelle.

Attention, essayez de lier les parties ensemble pour écrire un texte suivi, vous n'êtes pas obligé(e) de respecter l'ordre des questions et vous pouvez, bien sûr, ajouter des commentaires personnels

1 Attention chaque réponse doit être rédigée et comporter des phrases complètes. 2 Vous ferez trois phrases distinctes que vous réécrirez entièrement. 3 Vous sauterez une ligne. Une page représente un seul côté de la feuille mais vous prendrez trois pages entières.


LE FRANÇAIS DANS TOUS LES SENS

Le français : un mythe et des réalités De nos jours, c'est notre propre attitude devant notre langue qui étonne les étrangers lorsqu'ils nous entendent ajouter, après certains mots que nous venons de prononcer: « Je ne sais pas si c'est français », ou même: « Excusez-moi, ce n'est pas français. » Cette phrase est si courante chez nous qu'elle n'étonne que les étrangers, surpris, par exemple, qu'un Français se demande si taciturnité ou cohabitateur sont des mots français. En effet, dans les langues voisines les usagers fabriquent des mots à volonté sans que personne y trouve rien à redire, à condition qu'ils se fassent comprendre. Le Français au contraire ne considère pas sa langue comme un instrument malléable, mis à sa disposition pour s'exprimer et pour communiquer. Il la regarde comme une institution immuable corsetée dans ses traditions et quasiment intouchable. Nous avons en effet été trop bien dressés à n'admettre un mot que s'il figure déjà dans le dictionnaire. Si nous ne l'y trouvons pas, nous déclarons avec la plus grande conviction, mais contre toute évidence, puisque nous venons de l'employer cri étant compris, que ce mot n'est pas français et que, tout simplement, il n'existe pas. Taciturnité et cohabitateur sont deux mots parfaitement conformes aux structures du français et aux règles traditionnelles de formation des mots dans cette langue. Et pourtant, l'auteur du premier, Gabriel Garran, fondateur du théâtre d'Aubervilliers, entendu au cours d'un colloque à Villetaneuse le 14 mai 1986, et celui du deuxième, le fantaisiste Coluche, interviewé à la radio peu de temps avant sa mort en 1986, se sont l'un et l'autre excusés de les avoir employés, cri ajoutant qu'ils n'étaient pas français. J'ai cité ces deux cas parce qu'ils ont été récemment cueillis sur le vif, mais ce comportement est absolument général chez tous les Français. Sur le plan de la prononciation, notre attitude n'est pas moins irrationnelle. Quelle que soit la personne qui parle, c'est toujours l'autre qui a un « accent », qu'on l'appelle accent « pointu » ou accent « méridional », accent « chtimi » ou accent « pied-noir », « suisse », « beige » ou « canadien ». Et celui qui parle de ces accents pense que lui-même n'a pas d'accent : c'est toujours l'autre qui est hors norme et qui a tort. Cependant la prise de conscience de cette diversité, quand il ne s'agit que de prononciation, provoque plus souvent le sourire que la réprobation. Les choses en vont autrement avec la grammaire, et des formes comme « il s'est rappelé de son enfance » ou « il a pallié au inconvénients » sont immédiatement rejetées par les puristes comme inadmissibles. Ceux qui les remarquent ne sont pas loin d'accuser ceux qui les emploient soit d'être des individus primaires et incultes, soit d'être responsables de la dégradation sinon de l'assassinat de la langue française : « France, ton français fout le camp ! » devient un cri d'alarme et un appel au secours. Les gens dont le français est la langue maternelle joignent ainsi de façon paradoxale un sens aigu de l'observation (puisqu'ils repèrent sans cesse les écarts vis-à-vis des formes traditionnellement admises) à un refus plus ou moins conscient de reconnaître l'existence de la diversité d'emploi de cette langue. Tout en comprenant parfaitement le sens de telle expression française, à leurs yeux incorrecte, ils n'hésitent pas à déclarer contre toute logique qu'elle n'est pas française. Comment expliquer cette attitude irrationnelle chez des gens qui se réclament de Descartes ? Il semble qu'il existe dans l'esprit de tout francophone une dualité qui brouille le paysage. Il a d'une part la conception de cette belle langue française transmise par la tradition à travers les oeuvres des grands écrivains et qui prend figure de mythe : n'y touchons pas, on pourrait l'abîmer! Et, à côté de cette langue idéale, pure, achevée, parfaite, nous avons tous un peu conscience que se développe une autre langue française, que chacun utilise tous les jours sans ménagements, une langue multiple et changeante, s'adaptant au monde moderne et aux situations familières. Il est difficile de l'accepter comme du français, comme « le français » - et pourtant elle s'intègre parfaitement dans la tradition de la langue classique tout cri ayant sa propre dynamique : ce qui choque aujourd'hui ne choquera plus demain. Le mythe est parfaitement entretenu dans les grammaires et les dictionnaires qui enseignent le bon usage : ce sont des points rixes a auxquels il est rassurant de se référer en cas de doute. On vérifie, après l'avoir entendue ou employée, si telle tournure ou telle expression est correcte, niais, dans le feu de la conversation ou la hâte d'écrire, on se laisse porter par le génie propre de la langue et on crée les formes nouvelles que la langue autorise mais que l'usage n'a pas consacrées. On s'exprime plus complètement mais on garde mauvaise conscience Et ces deux conceptions sont si imbriquées dans l'esprit de chacun que, lorsqu'on entend parler de la langue française, on ne sait jamais exactement de laquelle il s’agit